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Réitération
Bois de cerisier, racine, bois Wingé, béton, argile, peinture - 2021

Le botaniste Francis Hallé a mis à jour une architecture des arbres qui nous permet d’établir deux types structures et modes de fonctionnement; D’un côté les unitaires avec une seule architecture en forme simple et de l’autre les « coloniaires » qui se réitèrent en abondance grâce à un rejet qui se forme sur le tronc ou branche et dont les racines s’encrent sous l’écorce et atteignent très vite le sol.

 Cette oeuvre montre le phénomène de réitération de l’arbre qui , « métamérisé » ( le corps est constitué d’un ensemble de parties unitaires, feuillage et racines) peut se  (re)former indéfiniment à partir du module de base et survivre indépendamment de tout organes vitaux. L’arbre mort , un cerisier,  est ici extrait d’un sarcophage d’argile fait de moulages du tronc . Ces éléments présentés indépendamment constituent une sorte d’emprunte génétique ou mémoriel de son enveloppe terrestre. L’arbre semble ressusciter par le surgissement spontané du corps principal, de modules cubiques en bois Wengé , unités minimales de nombreuses constructions humaines . Ces volumes évidés s’extraient de la fixité dans laquelle est plongé l’arbre pour lui insuffler un second souffle de vie . Leurs formes architecturales font échos à l’activité humaine et son emprise sur la nature . De fines gravures inscrites dans les extrémités de la souche représentant des formes en perspective viennent renforcer cette idée . Ce corps sans vie , déraciné ,  se présente momifié dans un enduit de béton, laissant apparaitre les formes initiales constituant l’identité même de ce spécimen végétal. Cette nouvelle peau en le  protégeant de la dégradation le coupe de toute temporalité terrestre,  pour l’inscrire dans l’éternité. L’arbre rentre dans le monde du divin. L’élévation spirituelle est évoquée par des racines pétrifiées et volumes s’échappant  de la sculpture initiale.

L’arbre si on lui prête attention nous révèle beaucoup de nous même et s’impose comme un sujet en soi qui va au delà du simple objet de représentation . Son mode opératoire est à lui seul un fonctionnement de création. L’arbre ce vivant , est un artiste émérite qui va au delà de l’expérience humaine et s’il n’y a rien de purement humain dans un arbre, il y a de l’arbre dans toute vie humaine. De l’habitat le plus primitif, à notre mobilier, nos ustensiles, à l’oxygène que l’on respire tout prend source dans l’arbre. Travailler à partir d’une souche morte c’est révéler ce corps qui durant sa vie n’a cessé d’apprivoiser la mort en étant lui même à maturité constitué de tissus mort qui loin de l’anéantir lui donne force et structure.

«  Nous ne sommes pas seulement accompagnés par eux, ils prennent soin de nous et nous façonnent. Leur corps est avec nous et en nous, sous des formes les plus inattendues …/… nous vivons par son corps et grâce à son corps » » E.Coccia

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