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E X   S I S T E R E , 

volet 1# se tenir en dehors

Volet 2# s’exposer pour exister

 

Parcours artistique d'art contemporain St Émilion et Bordeaux

Mai / juin 2019

 

 

La question de la finitude et de la suffisance hante en permanence l’être humain. Parler de dépassement de frontière revient à parler de soi de la capacité de chacun à aller au delà de son être pour expérimenter sa propre finitude et prendre conscience de son insuffisance.

D’un point de vue pragmatique à l’heure de la mondialisation, de la libre circulation des biens, des personnes, de l’information et échanges financiers, nous nous heurtons toujours à des problèmes de limites de territoires, de frontières bien réelles et difficilement franchissables, dans un monde pourtant volontairement ouvert… du moins virtuellement.

L’actualité dramatique des migrants venus de pays, en guerre pour la majorité, en est la preuve.

Frontières, mers, barrières, murs,  barbelés, camps, miradors, jalonnent le périple de ces « fuyants » qui bravant la misère et la mort, s’arrachent à leur terre natale en proie à la violence pour rejoindre des espaces plus cléments.. A mille encablures des promesses hospitalières d’un monde globalisé et unifié amplifié par le web, leur migration se mue en parcours du combattant contraint par les convulsions du monde. Ce monde qui depuis un demi siècle tente de repousser les frontières, notamment en Europe,  en essayant d’instaurer un semblant de ce que Sylvain Tesson appellerait « la théorie politique du bocage » inspiré du génie de la haie d'autrefois qui « séparait sans emmurer, délimitait sans opacifier, protégeait sans repousser ». Un monde intelligent emprunt d’humanité bienveillante et d’universalité.

L’homme politique bâtît à nouveau des murs et placent des « miradors» censés nous défendre de « l’invasion » de migrants, transformant de simples hommes en fuite en barbares sanguinaires. Au lieu de tirer parti de ce métissage en confrontant l’ici et l’ailleurs, le local et l’universel, les expériences savantes et populaires, les histoires des uns et des autres, leurs enracinements et leurs bouleversements , on érige autrui comme l’ennemi à abattre. Nos territoires sous haute sécurité tentent de redevenir  des forteresses avec postes gardés à l’affut du prétendu ennemi. Un véritable retour en arrière obsolète face au monde contemporain globalisé tourné vers l’ouverture et l’échange. 

Malgré tout, ces nouvelles limites, murs ou autres enceintes, s’érigent vainement car empruntes de perméabilité et de porosité . Le flux migratoire est  inéluctable. Du moment ou l’homme se sent menacé il se déplace comme mué par la préservation de l’espèce , facteur déterminant de développement permanent pour l’humanité.

L’humanité est ainsi prise dans un mouvement perpétuel ponctué de déplacement et de fixité éphémère. Temps suspendus perçus comme  espaces transitoires où chacun à conscience d’être au monde ,de retrouver cet habitat primitif celui de notre prime enfance, une bulle d’intimité.Poser des frontières c’est certes un besoin profond pour l’homme d’avoir son chez soi; c’est dessiner des contours, donner forme et visage à un territoire, à une réalité concrète et visible , c’est s’opposer à l’infini , à l’indéfini, l’insaisissable, à ce qui est sans forme, l’informe. Mais exister c’est s’exposer, sortir de soi et dépasser les frontières. La vie humaine est prise dans cette dualité entre rester en sécurité, et partir, marcher, transgresser les limites. Un va et vient nécessaire où la frontière remplirait son rôle lorsqu’elle n’est ni bétonnée, ni liquéfiée, mais emprunte d’un équilibre entre aventure et sécurité selon le philosophe Olivier Abel.

Karinka Szabo - Detchart.

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